Guerchin

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8/3/2019 Guerchin

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La ville de Bologne , on le sait depuis les extraordinaires rétrospectives dédiées à Guido Reni et aux Carracheest la seule à avoir pénétré le secret réservé jusqu'alors à Venise: celui de présenter dans une suite logiqueet avec éclat, des expositions valables tant pour le grand public que pour les spécialistes, satisfaisant à la foisles exigences de la divulgation et de la recherche, et ceci en évitant ces fades compromis que l'on voit sisouvent, surtout lorsqu'il s'agit d'un thème à la mode comme le Baroque.C'est pourtant bien le thème du Baroque qui a fourni à Bologne ses meilleures réussites.

Outre une administration municipale éclairée, et prête à suivre les suggestions de la Surintendance desBeaux-Arts, une partie du secret réside évidemment dans une préparation méticuleuse et savante et Bologneen ce moment même nous en donne l'exemple.Pour assurer la réussite de la grande exposition du Guerchin prévue l'an prochain à l'Archigimnasio, ungroupe de tableaux du maître récemment nettoyés se trouve exposé actuellement à Cento, la ville natale duGuerchin, située au coeur même de l'Emilie, au centre du triangle formé par Bologne, Ferrare et Modène.Cette manifestation est tout d'abord un hommage à la petite ville dont le charme, rehaussé par les souvenirsdu Guerchin, mérite bien la visite.Celui-ci y travailla - exception faite de la parenthèse de 1621 à 1623, passée à Rome jusqu'en 1642, c'est-à-dire jusqu'à la mort de Guido Reni, événement qu'il attendait pour s'installer à Bologne même et occuper laplace de premier peintre de la ville.C'est aussi une sorte de répétition générale, grâce à laquelle les organisateurs de l'exposition de l'annéeprochaine peuvent prendre dès maintenant des décisions qui assureront la réussite de la véritableprésentation du Guerchin au grand public en 1968. Il y a pourtant un aspect de l'exposition de Cento qui,l'année prochaine, ne sera pas reflété dans sa forme actuelle et qui vaut à lui seul d'inclure Cento dans unitinéraire italien cet été.

M. Denis Mahon, collectionneur acharné, et l'un des grands critiques de l'art baroque, dont la maison deLondres offre la plus extraordinaire concentration d'oeuvres du Guerchin en nombre et en qualité, exposeconcurremment aux tableaux nettoyés, une sélection de 48 dessins du Guerchin lui appartenant. Lestableaux de la collection MahonNous devons au Guerchin nombre de dessins frappant évoquant la caricature. C'est bien à Bologne, dansl'âtelier des Carrache. Qu directement le débiteur, y apportant cependant une interprétation le fait apparaîtrecomme le précurseur de Tiepolo. sont assez bien connus : Briganti leur a consacré un essai et ils ont d'autrepart figuré dans de multiples expositions en Angleterre, en Italie et en Amérique. Il n'en est pas de mêmepour les dessins : la plus grande partie des feuilles exposées à Cento constituent une découverte même pourles spécialistes.

Le catalogue, préparé par M. Mahon lui-même,donne une idée de ce que sera le catalogue de la grandeexposition de l'année prochaine:

c'est lui en effet qui en sera le responsable et il est difficile d'imaginer une méthode plus scrupuleuse et pluspatiente — attentive aux grandes lignes comme aux plus petits détails que celle adoptée par M. Mahon pourles dessins exposés à Cento. Nous avons d'ailleurs déjà éprouvé la rigueur de cette méthode à l'occasion del'éclatante exposition des Carrache pour laquelle M. Mahon avait préparé le catalogue des dessins. Noustrouvons donc à Cento un groupe de dessins savamment commentés et savamment choisis. C'est en effetune anthologie de l'oeuvre graphique du Guerchin de ses débuts à sa fin, illustrant tous les genres qu'il apratiqué et les différentes techniques dont il usa, dessins de composition et études de figures, dessins depaysages et cari-catures.

L'intérêt qui en résulte est double: d'une part nous avons devant les yeux le spectacle purement esthétiqueoffert par l'oeuvre d'un des grands dessinateurs de l'art baroque, pour lesquels, comme pour les Carrache etles autres bolonais de premier plan, le dessin est un élément essentiel de l'oeuvre; d'autre part, ces dessinssont présentés comme des documents éclairant la genèse d'un tableau, ou tels traits de caractère de l'artiste

pour lesquels son oeuvre peint n'offre pas d'indication valable, la caricature par exemple pour laquellel'intérêt à Bologne a toujours été des plus vifs. Il s'y ajoute enfin un intérêt d'ordre purement historique etsans rapport direct avec les dessins comme oeuvre d'art : c'est leur provenance.En ce domaine, la catalogue de l'exposition de Cento accomplit des merveilles. Le culte du pedigree, il estvrai, a toujours été plus cher aux britanniques qu'à tout autre. Nous trouvons ainsi des informations fortimportantes sur la collection de Crozat et de Mariette, sur la dispersion de l'oeuvre dessiné du Guerchin enAngleterre où la plus grande partie de ses dessins arriva dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Laprécision des renseignements concernant la transmission