Post on 01-Jun-2020
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Institut Convergences Agriculture numérique Digital Agriculture Convergence Lab www.hdigitag.fr @DigitAgLab
« Numérique : intelligibilité et
intelligences collectives »
Laurence Allard, Maître de conférences, IRCAV-Paris 3/Lille 3, sociologue des usages numériques,
Inauguration de l’Institut Convergences #DigitAg
Montpellier, 30 juin 2017
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Questions de méthode
Double casquette enseignant-chercheure :
Chercheure : sociologie du dernier kilomètre= faire se connaître les sociétés à elles-mêmes en menant enquêtes de terrain
Perspective disciplinaire socio-pragmatique (formation ethnométhodologie+sémio-pragmatique).
Méthodologie qualitative mixte associant entretiens semi-directifs, observations et analyse sémio-pragmatique des productions des usagers (collecter et analyser corpus).
Spécialisation mobiles, usages juvéniles (collèges, lycées, étudiants), usages humanitaires et citoyens (cf Mythologie du portable, 2010, ed. Le Cavalier Bleu).
Enseignante :
Cours « Numérique, Cultures et Sociétés. Méthodes et objets » et « Fablabs : fabrications de collaborations créatives » : faire réaliser des enquêtes ou analyses de corpus sur les usages du numérique (internet, web, mobile),des xMoocs et des objets connectés.
3 Ne dites pas à mes collègues que je suis captologue
citoyenne, ils me croient sémiologue de l'emoji » #joke
Conférence est aussi nourrie d’un parcours d’engagement réflexif de chercheure qui part de l’université passe par une association (Citoyens Capteurs).
Y Expérimenter voie du « contre-faire » l’internet des objets : monde de « consommateurs captés » au profit de « citoyens capteurs » dans l’espace de la science citoyenne et de la mouvance maker.
Question programme au cœur de ce parcours de « citizen scientist makeuse»
A l'heure de l'extension de la connexion à toute chose et des mégadonnées se pose de façon plus pressante la question : dans quel monde dans lequel nous voulons être connectés ?
Une forme de réponse possible soucieuse de prolonger les promesses inachevées d'une première révolution numérique du pouvoir-dire est de contre-faire un internet des choses qui veut nous imposer des usages privatistes et datavores au profit d'une récupération de la puissance de calcul et du pouvoir des données au sein de la société civile pour toutes et tous qu’ils soient agricultrices, agriculteurs par exemple donc au seul profit intelligence collective.
I-Intelligibilités du numérique
1-Chiffrabilités
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Le numérique en chiffres, CREDOC, décembre 2016
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Un monde internet mobile only
Internet fixe représente
encore 58% des usages
en ligne outre-Atlantique et
70% en France - contre
23% pour le mobile et 7%
pour les tablettes
Proportion de 64% en
faveur du mobile en
Afrique et en Asie et même
de 75% en Inde
Statcounter , 2016
2-Représentabilités
9 Le numérique en
représentations
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L’imaginaire du numérique
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L’imaginaire du numérique
3-Praticabilités
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Le numérique en pratique : une constellation
transécranique, transmédiatique et
multimodale
Numérique connecté peut se décrire comme une constellation d’écrans, de fonctionnalités, de services et de contenus ( vs « multi-écrans », « multi équipement »).
A travers cette constellation transécranique et transmédiatique, documenter le caractère multimodale du numérique.
Connexion « disjonctive »
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Au sein de cette constellation (panoplie),
observer foisonnement combinatoire
multimodale des signes et des sens qui
traverse les écrans, les services ou les
fonctionnalités :
Screener les notifications sonores,
« Muter » un tweetos le temps d’une soirée,
Parler à la même personne de deux sujets
différents sur deux applications de réseaux
sociaux,
Et même sans équipement, être un praticien
numérique :
« Sur l’ordinateur de mon
compagnon, je retranscris les vidéos sur
Youtube à l’accordéon et ma belle fille me
filme avec son mobile quand je joue »
(Guichetière, La poste, 59 ans, Seclin)
Le numérique en pratique : une constellation
transécranique, transmédiatique et multimodale
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Le hack d’usages : créativité digitale
ordinaire
Panoplie transmédiatique et transécranique bricolée sur mesure, singularisante hybridant outils, services, contenus.
Mix de poches d’incompétence et pratiques virtuoses.
Créativité ordinaire à l’œuvre, réinventions des fonctionnalités, détournement des services : le hack d’usage au quotidien. Ex : J, 82 ans, retraité, Strasbourg , sait télécharger des films rares sur Emule mais n’est pas à l’aise au clavier donc scanne des lectures manuscrites et les envoie par mail
Ex : D. 58 ans, DRH, Paris envoie des photos sur clé USB par la poste à ses amies car « la poste je connais.»
Ex : « Quand on a manqué un cours ou qu’on a oublié son manuel on se les envoie sur Twitter » (C., 17 ans, lycéen, Paris)
Ex :« J'utilise l'application Doodle quand on fait des invitations : quand on fait une fête, dans les choix, on met les différents plats et on coche le plat qu'on fera. » (Agent RH, Colis, 35 ans)
Ex : Néo tract réalisé à partir capture d’écran de son traceur d’activité (« soi dataïste »)
Ex : Utiliser capteur mouvement du smartphone comme balance produit plus ou moins licite
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Numérique : la culture de la curiosité vs le sacre de
l’amateur
Tous des praticiens curieux avec Internet et le mobile qui aiguillonnent et nourrissent la curiosité.
Le curieux, au XVIIème siècle comme au XXIème siècle, est plutôt un omnivore qu’un spécialiste ou un amateur. Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs, curieux: Paris-Venise, XVIe -XIIIe siècles, Paris, Gallimard, 1987. EX : « Il n’a pas ceux qui vont sur Internet d’un côté et ceux qui n’y vont pas de l’autre : il y a ceux qui sont passionnés ou curieux, et ceux qui ne le sont pas.» JC, 61 ans, retraité SNCF
EX : « L’ordinateur, c’est 3-4 fois par semaine, cela dépend de ce qu’il y a à la télé. Quand je vois à la télévision un truc intéressant, je tape sur Google un mot-clé comme “Inca”, “Cobra Royal”. Mais je vais pas sur les premiers liens genre Wikipédia. Je vais voir les photos et les sites de vidéos.» A., 38 ans, façadier, Paris
EX : «C’est devenu un réflexe de prendre mon iPhone quand je me pose une question…L’autre fois je me demandais à quelle hauteur était la Tour Eiffel. Mon fils me dit «t’es folle avec ton téléphone» . Moi je suis juste curieuse.»
C., 52 ans, opticienne, Paris
4-Mobilités
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Les 3 révolutions du mobile
comme outil de l’ecrivance
Pointer comment le téléphone mobile (du plus simple au plus smart) associé à
une révolution sociale de l'écriture ordinaire (en mobilité) quand
l'imprimerie aura assuré la diffusion de la lecture.
I. La révolution du qui écrit ?
Sujets mineurs et minorés
I. La révolution du quand écrire ?
Ecrire quand on agit (cf télévision sociale)
I. La révolution du comment écrire ?
Métissage des signes (textes, images, émoji)
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Qui peut écrire ?
Can slum speaks demandait Spivak en 1998 ?
Capacitation à écrire pour des sujets mineurs et minorés
Ados et leurs paroles échappées des mobiles
Femmes et pauvres dans le monde via technologie globale
20 Usagers mobiles : de Star Trek aux
phone Ladies
Globalisation des usages innovants avec les pays pauvres.
Monnaie mobile : innovation « indigenious », c’est-à-dire endogène et ingénieuse dans des pays dont les habitants n’ont pas accès aux banques et où les agences sont très peu implantées.
Histoire culturelle du mobile nous fait voyager entre deux figures : des aliens aux terriens.
Première figure associée au portable : Capitain Kirk dans Star Trek et son Communicator qui va inspirer Motorala DynaTec (1983) de Martin Copper
Usagers terriens du mobile pionniers : agricultrices pauvres d’Asie et d’Afrique
Cf Grameen Phone Ladies au Bangladesh en1997 : possibilité d’acheter portable via micro-crédit et ouvrir service de location de minutes de téléphone.
6-Extension de la connectivité :
le temps des objets connectés
22 I/Objets connectés : quel est le problème ?
1/Usages privatistes et datavores
: Soi Calculé
2/Economie du consentement :
Big Mother
3/Une anthropologie compétitive :
Stop the Cyborg !
23 Internet des choses = Tout connecté +Big Data
Depuis 2010, dans le monde :
12 milliards de machines et
d’objets communicants/ 6
milliards d’êtres humains
connectés aux réseaux
mobiles/2 milliards à Internet
(ITU).
Décembre 2017 (GSMA) :
7,5 milliards de cartes SIM
(humains+M2M)
A l'horizon 2020-2022, nombre
d'objets connectés (capteurs,
smartphones, ordinateurs…) :
80 millards de devices et
capteurs (IDATE) générant 8,9
milliers de milliards de dollars
(IDC).
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Humains et non-humains connectés
Extension de la connectivité à toutes les entités : le Connected Everything ou le tout connecté (+puissance de calcul +interface).
Des machines au vivant : les arbres de la ville de Paris, intégrant une puces RFID servant de carte d’identité, les chiens et chats «pucés» , des plantes et des bactéries connectées=tous connectés.
Avec le tout connecté, immenses masses de données qui peuvent en être captées et valorisées.
Si les objets, les tuyaux, les arbres et les chats se mettent à «parler » et donc à générer des flux de données, on peut comprendre pourquoi s’ouvre l’ère des dites Big Data.
25 1/IOT : Un monde de bracelets électroniques
Enquête Opinion Way, mars 2016
Une majorité de Français, 56%, avoue mal
connaître les objets connectés. Seulement
8% disent en revanche bien les connaître et
¾ de ces derniers possèdent d’ailleurs 2,2
objets connectés en moyenne.
Si 35% des français possèdent au moins un
objet connecté, c’est la télévision qui arrive
largement en tête (22%) suivie de l’alarme
ou caméra de sécurité connectée (10%),
puis de la montre ou du bracelet connectés
(respectivement 6 et 5 %).
Techoracisme dénoncé : peau blanche
only
Soft resistance et Datajaming :
revendiquer pas comptés
26 Big Mother veille sur vous
«Mother » : figure féminine
design par l’un des pères
français de l’internet des
objets pour faire vendre sous
couvert du cliché sexiste de
la bienveillance maternelle
un mouchard à données
personnelles captées à
travers une pratique
d’intersurveillance
familiale (parents/enfants-
mari/femme)
27 Big Mother veille sur vous
Big Mother = Big Business :
« Les données sont à vous.
Ensuite, comme quand on
installe n'importe quelle
application, on accepte ou
pas de transmettre des
informations. Je pourrais
utiliser l'application que
propose la société
"Duchmoll" , moyennant quoi
je serai d'accord pour qu'elle
reçoive les données
capturées par ma pelle à
tarte, mon chapeau ou mon
sac d'oignons...»
Rafi Haladjian, La Tribune,
déc.2013)
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2/Une économie du consentement du consommateur capté
Explosion de la qualité et la quantité de
données personnelles créant gigantesques
opportunités de développement de valeur.
Nécessité d’acheter le consentement du
consommateur capté
«Economie de l’intention », Doc Searls in
The Intention Economy: When Customers
Take Charge, 2012 :
“Project VRM : making the customer a
fully empowered actor in the
marketplace”
Cf Avantage Santé Axa, Pasteur Mutualité,
Pay How You Drive, Oscar Health
Insurance Objets mettables embed
29 Vers le trading de données personnelles ?
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2/le transhumanisme n’est pas un humanisme
Selon certains, l’extension de la connexion des réseaux de communication informatisés à des non-humains : mutation de l’humain.
Une mutation de l’humanité vers la transhumanité, c'est-à-dire une humanité plugguée à la technologie.
Cf Ray Kurzweil dans sa théorie de la singularité (“The Singularity is Near, 2005)
Moment où les ordinateurs censés devenir plus intelligents que des humains fusionnant avec machines.
Ce qui devrait arriver selon lui vers 2045…
Ray Kurzweil depuis 2013 “Director of engineering” de Google
Google qui a racheté sociétés biotech (Calico, 23andme…) et investit dans les NBIC : convergence de quatre vagues (nanotechnologies, bio-ingénierie, informatique et cognitique)
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Homme augmenté ou femme diminuée ?
Homme augmenté au futur : espèce améliorée par les puces, les capteurs et les implants connectés.
Quels sont les humain(e)s qui expérimentent déjà au quotidien les prothèses artificielles, d’implants ou de puces ?
Humanité la plus fragile, humanité diminuée (handicapés, malades chroniques…).
Technologies que l’on nous présente comme celles d’une démultiplication des capacités de l’Homme, servent avant tout à pallier le manque effectif d’un organe, d’une faculté... Cf lunettes Google Glass.
Imaginaire de la prothèse et autres béquilles de l’humanité diminuée recodée en instruments de puissance pour l’humanité dans sa rivalité – perdue d’avance selon Kurweil – avec les machines.
32 3/ Une anthropologie compétitive
Idéologie transhumaniste est une idéologie de puissance qui fait jouer à la technologie un mauvais rôle : celui de pouvoir réaliser la domination de l’homme par la machine, d’être l’agent de la mutation de l’espèce humaine.
Dans la vie de tous les jours, nos faits et gestes les plus quotidiens sont instrumentés par des objets techniques.
Est ainsi alimentée une peur de la technologie, ce qui est déjà une certaine façon d’être dominée par les machines.
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Du bon usage de l’IA
"Pourquoi continuer à mettre toute notre intelligence dans des machines pour les rendre plus intelligentes que les humains ? »
cf Manifeste du Future of Life Institute , janvier 2015, "Priorité de recherches pour une intelligence artificielle robuste et bénéfique ». (financé notamment par Elon Musk, Tesla,notamment) et signé entre autres par le fondateur de Skype, Peter Thiel le fondateur de PayPal, une cinquantaine d’ingénieurs de Google, dont le directeur de recherche Peter Norvig
« Comme les physiciens nucléaires et les généticiens avant eux, les chercheurs de l’intelligence artificielle doivent se préparer à l’idée que leurs recherches pourraient aboutir et faire en sorte que les résultats soient bénéfiques à l’espèce humaine »
II-Intelligences collectives : du consommateur capté au
citoyen capteur : makers verts et sciences
participatives
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Fabriquer un autre monde connecté possible : qui peut faire ? pour
quoi faire ? Comment faire ?
Contribuer à fabriquer un autre monde connecté notamment autour des capteurs et des
données.
Pourquoi le faire ? Tout simplement parce qu'il est possible de le faire !
Parce que le tournant post-digital nous y invite, parce que ce continuum physique-numérique
du tout connecté peut permettre de réaménager une re-matérialisation du digital et favoriser un
milieu où prolonger la capacitation apportée dans l’internet de l’expression à des sujets mineurs
et minorées (jeunes filles, femmes pauvres)
Mouvance maker qui vient porter cette co-fabrication d’un autre monde connecté possible dans
espaces de la société civile (fablas, tiers lieux, hackerspace…).
Associations de compétences avec des scientifiques, des makers, des citoyens pour
développer pour contre-faire au sens de faire autrement des scénarii d’usages tournés vers
l’intérêt général et au service de l’intelligence collective.
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En 2005, Neil Gershenfeld publie un
ouvrage précurseur intitulé “FAB: The
Coming Revolution on Your Desktop”
Enseignant au MIT
Annonce que la prochaine révolution sera
celle de la "fabrication personnelle" après
celle de l'ordinateur personnel.
Révolution suppose numérisation du
monde physique se basant sur une série
d'outils tels que l'imprimante 3D etc..
Fab révolution repose sur des processus
court-circuitant les pôles de la conception-
réalisation.
Caractéristiques formalisées par l'auteur à
partir d'initiatives locales notamment dans
les pays émergents et en développement
Cours fondateurs au MIT How To Make
(Almost) Anything » et « How To Make
Something That Makes (Almost) Anything”
Le concept de "fablab" créé par cet
enseignant professeur au MIT, à la fin des
années 1990 comme espace dédié à la
fabrication personnelle et lab de la
mouvance maker.
Terme maker a été popularisé par Dale Dougherty
et son magazine Make à travers lequel s'est
stabilisé le répertoire matériel et institutionnel des
fablabs.
Parmi les précurseurs de ce mouvement : le
designer Massimo Banzi, inventeur du micro
contrôleur Arduino utilisé comme carte de
prototypage pour commander des objets qui a
permis une innovation individualisée.
Selon lui un mouvement maker qui existe "à partir
du moment où des personnes étrangères à la
technologie se mettent à créer avec de la
technologie.“
Depuis, les pièces maîtresses des fablabs,
l'imprimante 3D, arduino, Rasperry Pi, équipent
ces lieux qui promettent de pouvoir fabriquer par
soi-même les projets de tout à chacun.
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Fablabs et makers: paradigme socio-technique et
mouvement social.
Avec enjeux internes au numérique son actualité et
son histoire objets connectés, informatique
embarquée, DIY.
Avec enjeux sociétaux sur travail et ses mutations :
valeur travail, processus, formation : “réparer des
hommes et des femmes exclues ou auto exclus du
“marché du travail”.
Avec enjeux post-industriels de réarticulation entre
secteurs primaires-tertiaires (cf makers verts...) et
renouveau posture artisanale “faire pour soi et
quelques autres”;
Avec enjeux philosophiques sur l’homo faber : place du
faire dans nos sociétés d’hyperconsommation
Avec enjeux environnementaux : fabriquer refaire pour
développement durable cf SEB qui permet de refaire
pièces comme nouvelle stratégie industrielle cf repair
café
38 Makers et citizen science : 20 avril 2010 : Marée noire
dans le Golfe du Mexique et Grassroots Mapping
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Makers et Citizen Science : 11 mars 2011 : catastrophe de
Fukushima
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CITOYENS CAPTEURS-2014
Makers et Citizen Science : Les projets de Citoyens
Capteurs
CitizenWatt Avec Fabelier et HackENS
Mairie de Paris, CNIL, UNARC, INTEL
et d’autres à venir…
Bee2Bees Avec The European
Beekeeping Coordination et
The Greens in the European
Parliament
Pollution Atmosphérique En partenariat avec AirParif , Strate College
Licence
OHL
41 1/Du consommateur capté a la captologie citoyenne
Usages des objets connectés moins centrés vers la captation des individus consommateurs.
Usages qui peuvent être, au contraire, retournés vers notre environnement pour justement mieux consommer et outiller des modes de vie durables (pollution, énergie, ...)
Contribuer à produire de l'accountability, une factualité dont chacun est redevable.
Le « Nous quantifiant » vs Soi Quantifié
Captologie citoyenne productrice de ses propres outils de captation et interprète de ses propres données (dont elle reste maître dans scénario socio-technique sécurisé).
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2/#expressyourwatt : la small data conversationnelle
Démocratie expressive : parler la data (#expresswatt vs «être parlé » par Big Data» A l’heure où l’individu est un centre de calcul (Bruno Latour), récupérer "la puissance de calcul
comme un droit fondamental à l’autonomie de la société civile » (Franck Pasquale, The Black Box
Society, 2015)
Soi dataïste : s’exprimer par la data et conférer une valeur expressive à « son » capteur
(singularisé par sa clé de calibration et sa clé AES)
« Le plus dingue dans cette histoire, c’est que « gwynelec » est devenue familière » (A., mère au
foyer, 31 ans
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3/Du cyborg à la biosocialité connectée
Companionism de Donna Haraway, conceptualisant le compagnonnage entre espèces, qui a succédé à sa réflexion sur les promesses - détournées par la domination masculiniste - du cyborg.
. A la question "dans quel monde voulons-nous être connectés?", companionism de Donna Haraway nous inspire la possibilité de penser une "biosocialité connectée » .
Nécessité de statuer dès à présent la relation qui nous lie aux entités connectées avec lesquels nous partageons nos existences.
Tout comme les animaux sont nos compagnons d’espèce, les machines à communiquer (mobile...) sont devenues de fait nos compagnons d’existence.
Attachement à un artefact technique ou un animal de compagnie ne nous oblige pas à muter mais juste à bien vivre avec d’autres espèces et d’autres machines auxquelles nous sommes connectés.
Dans le cadre d’une anthropologie symétrique entre humains et non-humains, incluant l’espèce humaine, le vivant, l’animal et l’artefact, une relation de compagnonnage faite de matérialité, d’incarnation et de responsabilité nous lie.
Prêter vie aux machines, faire corps avec elle
44 We data : puissance de calcul
citoyenne
Il est donc possible d'oeuvrer de façon proactive à des appropriations d’intérêt général, au profit de l’intelligence collective des capteurs, des données, du calcul et de la connexion étendue.
Dans le cadre d’une anthropologie symétrique, c'est-à-dire non-compétitive entre le vivant et l’artefact machinique et in fine entre les humains,
WE DATA !
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« La parcelle cultivée est le site où
s’inventent de nouveaux modes
d’association, de participation, de
socialisation »
« La culture de la terre pourrait être une
bonne image pour concevoir la
démocratie non comme une machine
mais comme un jardin dont les éléments
sont reliés (cf idiosynchrasie potagère)
Permaculture, agriculture urbaine, micro
coopératives comme « moyens
d’intégration sociale, de transition
écologique et démocratique »
« Faire ensemble » est caractéristique
de l’associationnisme participatif qui
constitue à l’échelle de la planète le
mouvement sociopolitique sans doute le
plus inventif et prometteur »
Faire ensemble : making +farming : lab des formes
de vie démocratiques
Inauguration de
#DigitAg
Montpellier,
30 juin 2017
49 Bibliographie/Webographie 1
Laurence Allard, “Quand fer c’est
dire. L’engagement du chercheur à
l’heure de la fabrication personelle” in
Hermès n°73, 2015
https://www.academia.edu/21719596/
Quand_fer_cest_dire._Lengagement_
du_chercheur_%C3%A0_lheure_de_l
a_fabrication_num%C3%A9rique_per
sonnelle
Chris Anderson, Makers : La nouvelle
révolution industrielle, Pearson, 2012
Nicolas Auray, Hackers à l’ouvrage. À
propos de : Michel Lallement, L’âge du
faire. Travail, hacking, anarchie, Seuil ;
G. de Lagasnerie, L’art de la révolte.
Snowden, Assange, Manning, Fayard
http://www.laviedesidees.fr/Hackers-a-
l-ouvrage.html
Mathieu B.Crawford, Eloge du
carburateur. Essai sur le sens et la
valeur du travail, La Découverte, 2016
(recension par Dominque Méda :
https://lectures.revues.org/1351)